Le 70e Congrès annuel de l’Institut d’administration publique du Canada (IAPC) s’est tenu à l’Hôtel Hilton de Québec du 19 au 22 août 2018. Ce fut l’occasion pour les boursiers Leaders africains de demain (LAD) d’entendre les plus grands experts et professionnels et de participer activement aux ateliers afin de trouver des solutions pour rendre l’administration publique plus souple et plus novatrice et poursuivre sur cette lancée dans l’avenir.
Le thème du Congrès annuel était « L’administration publique sous pression ». Les ateliers couvraient plusieurs thèmes différents, y compris les nouveaux modèles d’intervention, l’innovation politique, les nouvelles stratégies de développement au niveau municipal, la gestion de crise, les changements dans le secteur public, les TI, les mégadonnées et la politique publique, la participation des citoyens, la gestion du rendement et la santé mentale pour n’en citer que quelques-uns. Une série de documents évalués par un jury ont été présentés principalement par des universitaires et chercheurs de diverses universités canadiennes.
Voici les éléments importants à retenir du congrès annuel IAPC 2018. Le défi des boursiers LAD est maintenant d’examiner la pertinence de ces enseignements pour le renforcement du secteur public en Afrique.
Importance des approches collaboratives pour la prestation de services et l’élaboration de politiques
La fonction publique a évolué au fil du temps d’un système bureaucratique conventionnel et traditionnel à un agent de prestation de services plus orientés sur le client. Cependant, plus d’efforts s’avèrent nécessaires pour se départir du compartimentage ministériel en établissant des collaborations fiables et objectives avec les divers intervenants, les ONG et les organismes privés, et en assurant un processus décisionnel fondé sur les faits et la rentabilité. La prestation des services publics n’est plus une affaire uniquement gouvernementale. Il s’agit plutôt de concevoir, produire, décider et évaluer ensemble les questions reliées à la prestation des services. Le gouvernement du Québec a recours à des approches collaboratives dans l’élaboration de plans de développement durable afin de les harmoniser avec les réalités et les besoins des diverses communautés.
Le secteur public doit être prêt à affronter les défis du passage à la transformation numérique
La transformation numérique est une des plus grandes forces à laquelle la fonction publique est confrontée de nos jours. Les gouvernements doivent réexaminer leurs domaines de compétences pour s’assurer qu’ils sont alignés avec les défis des TI et la révolution mégadonnées. La capacité des fonctionnaires doit être renforcée pour leur permettre de fonctionner efficacement dans une économie numérique. Par exemple, le gouvernement du Québec devient partenaire avec l’Université Laval pour créer l’Académie des transformations numériques dans le but d’équiper les employés de la fonction publique des nouvelles habiletés requises en économie numérique.
Les municipalités ont un urgent besoin d’autonomie locale pour fonctionner efficacement
Le sujet des relations municipales-provinciales fait depuis longtemps débat, et les municipalités sont souvent décrites comme les « créatures des provinces ». Le gouvernement du Québec a cependant posé des gestes délibérés pour changer le discours. En effet, le gouvernement a adopté la Loi 122, une Loi visant principalement à augmenter l’autonomie et les pouvoirs des municipalités. La Loi permet aux municipalités de prendre des décisions fondées sur les besoins de leurs communautés. Si les municipalités jouissent de plus de pouvoir et d’autonomie, elles pourront consacrer toute leur énergie à fournir des services de qualité. Il en va de même pour plusieurs pays africains qui ont pris des mesures concrètes vers la reconnaissance constitutionnelle des gouvernements locaux. La décentralisation des pouvoirs et des responsabilités doit être authentique pour créer un solide sentiment d’auto-gouvernance locale.
L’administration publique est en évolution et nous nous dirigeons vers la « gouvernance par la confiance »
Le président de la Commission de la fonction publique du Canada a réitéré que la confiance demeure un aspect critique en administration publique et qu’elle ne devrait pas être ignorée. Il note que la confiance est rarement prise en considération dans la conception des politiques et des programmes. Ces perspectives résonnent bien avec les grandes lignes soulevées dans la présentation du professeur Geert Bouckaert sur la réforme de l’administration publique, pendant laquelle il faisait valoir que l’administration publique s’ouvre à un processus de gouvernance par la confiance. Il décrit les « 3 Cs » qui constituent les facteurs de confiance dans le secteur public, C1 = Confiance de la part de la société, C2 = Confiance de la part du secteur public et de la société et C3 = Confiance au sein du secteur public.
L’innovation est clé dans divers domaines des politiques
Les instruments politiques conventionnels et les stratégies politiques conventionnelles ne suffisent plus dorénavant devant la complexité des défis auxquels font face les gouvernements. La demande pour des fonctionnaires créatifs et innovateurs augmente. Par exemple, la ville de Québec a mis en place une gestion intelligente de la mobilité qui permet le suivi à distance de plus de 600 lumières de rue. Les conférenciers mettent également l’accent sur le travail fait par d’autres gouvernements provinciaux au Canada. Par exemple, au Manitoba, le gouvernement dirige des contrats d’impact social comme modèle innovant de financement des services sociaux. Le gouvernement de l’Alberta pour sa part adopte le Carbon Competitiveness Incentive Regulation (CCIR) (règlement incitatif sur la compétitivité carbonique) comme instrument politique innovateur pour gérer les changements climatiques. Cependant, l’accent est mis sur le fait qu’il est parfois difficile de mettre en place des programmes incitatifs innovateurs dans le secteur public. On note également que les gouvernements doivent absolument travailler à éliminer ou atténuer les entraves à l’innovation dans le secteur public. L’innovation peut être stimulée en mettant sur pied des projets pilotes et en effectuant des évaluations évolutives de ces projets pour ainsi bâtir une culture de créativité et d’innovation. L’innovation peut également être intensifiée par la création et la formation d’équipes fortes.
Une administration publique efficace exige un changement de culture
Pendant une table ronde sur la réforme de l’administration publique, le professeur Geert Bouckaert souligne que, dans toute réforme efficace, il doit se produire un changement de culture dans la fonction publique. Il met en valeur le fait qu’une réforme de l’administration publique demande une modification de la culture politique. Un fort soutien politique est requis pour faire avancer une réforme du secteur public, mais dans la majorité des cas, une réforme du secteur public n’est pas une priorité politique.
On doit davantage viser l’élaboration de politiques basées sur des preuves (EBPM)
Bien que le gouvernement du Canada soit en tête de file dans la prestation de services publics créatifs et innovateurs, il cherche constamment à améliorer son usage des prises de décisions publiques fondées sur des données probantes. Les conférenciers fournissent des aperçus critiques sur la pratique qui entoure les politiques fondées sur des preuves et axées sur les résultats et qui subissent de fortes pressions internes et externes. Cette approche a le potentiel d’avoir un plus grand impact sur les résultats en Afrique, où une meilleure utilisation des données probantes dans les politiques et la pratique pourrait réduire la pauvreté de façon spectaculaire et améliorer le rendement social et économique. C’est pourquoi la prise de décision basée sur des preuves (EBDM) a tendance à être moins bien établie en Afrique et les politiques ne sont pas largement fondées sur des données probantes.
De bonnes politiques publiques doivent être inclusives !
L’intégrité des politiques repose entièrement sur l’inclusion. Il est important pour le processus de prise de décision de prendre en compte les besoins de tous ceux directement ou indirectement affectés par la politique et de faire participer les intervenants clés directement. Cela suppose des consultations auprès du public, qui sont les bénéficiaires de la politique. Une approche inclusive peut comprendre les éléments suivants : consulter les responsables de la prestation de services/mise en œuvre, consulter les récipiendaires des services ou les populations autrement affectés par la politique, mener une étude d’impact et demander de la rétroaction des récipiendaires et des dispensateurs de première ligne de la politique.
Le programme de bourses pour les leaders africains de demain (LAD) est financé par le gouvernement du Canada par l’intermédiaire d’Affaires mondiales Canada et par la Fondation Mastercard. Il est géré par le BCEI en partenariat avec l’Institut d’administration publique du Canada et en collaboration avec l’Association africaine pour l’administration publique et le management et l’Association canadienne des programmes en administration publique.
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