Partir en échange représente un vrai défi pour une multitude de raisons, mais surtout, pour toutes les remises en question auxquelles nous sommes confrontés lors de notre immersion dans notre pays d’accueil. C’est une occasion pour réfléchir sur notre propre identité et tester notre véritable connaissance de soi. J’en profite donc pour vous partager quelques éléments qui m’ont interpelée lors des derniers mois.
Identité culturelle : définir sa propre culture à l’étranger
Tout d’abord, notre identité personnelle est fortement liée à notre identité culturelle. En tant qu’individu, nous nous inscrivons comme sujet dans une collectivité : pour ma part, celle du Québec, ou plus vaste encore, celle du Canada. Mais qu’est-ce que ça fait un Québécois ? En quoi la culture québécoise se distingue-t-elle de celle d’autrui ? Qu’est-ce qui nous rassemble en tant que peuple distinct ? Est-ce la langue française, avec un accent rond et campagnard ? Est-ce notre histoire de colonisation et de Révolution tranquille ? Notre gastronomie à la poutine et au pouding chômeur ? Ou plutôt notre climat de février frigorifiant ?
Lorsqu’un Italien nous demande : « Ça ressemble à quoi chez vous ? En quoi êtes-vous différents des Américains ? » Que répondons-nous ? Ma réplique préférée : « Que nous sommes bien sympathiques ! ». Et je suis fière de dire aux étrangers que je suis une Québécoise, une de ces Canadiennes qui parle français et qui s’excuse pour tout, qui se contente de peu et qui a le rire facile, avec un sens de l’humour sarcastique. Je me compte chanceuse de faire partie de cette culture unique qui est la nôtre et où il fait bon vivre.
Bref, défendre cette identité culturelle à l’étranger, surtout envers des gens qui ont du mal à placer le Québec sur la carte, c’est se confronter à une perpétuelle remise en question : qu’est-ce qu’un Québécois ? Un Canadien ? Ou même un Nord-Américain ?
Identité personnelle : se définir par la rencontre de l’altérité
À la maison, nous tendons à nous définir par notre milieu : nous possédons un réseau que nous avons bâti depuis notre enfance et qui sert de socle à notre identité. La reconnaissance que nous portent les autres nous permet de nous frayer un chemin dans la société. Nous nous affirmons en tant qu’individu à travers notre famille, nos amis, nos engagements professionnels, nos activités récréatives, notre programme d’étude et j’en passe. Or, aller vivre ailleurs, c’est renoncer à l’ensemble de cet environnement et nous confronter à la perte de nos repères à la base de notre sentiment d’appartenance : il n’y a plus personne qui peut attester de notre identité. Nous n’avons plus de cercles d’amis bien établis envers qui nous n’avons plus à « faire nos preuves ». Plus de famille au sein de laquelle notre place est bien ancrée. Il faut donc s’affirmer en tant qu’individu unique dans une nouvelle culture, un nouveau milieu et un nouvel entourage pour recommencer à zéro : nous pouvons littéralement devenir n’importe qui. Il est donc primordial de rester bien enracinés et de ne pas perdre de vue qui nous sommes. L’idée peut sembler abstraite, mais tout cela devient beaucoup plus évident à l’étranger, et c’est frappant.
Bref, faire un échange, c’est une expérience unique et personnelle allant à l’encontre de toute attente, à la fois par les périodes creuses et solitaires, que par les découvertes incroyables et les rencontres enrichissantes que l’on y fait. C’est plus que des partys avec des Erasmus et des voyages à n’en plus finir, mais l’occasion de se remettre en question et d’être à l’écoute de soi-même pour savoir ce que l’on veut vraiment. C’est aussi une opportunité pour s’interroger sur notre propre identité et trouver ce qui nous définit réellement. Sortir de sa zone de confort et affronter l’inconnu, c’est s’offrir une occasion de perdre ses repères, mais également de se fixer un nouveau cap pour mieux s’orienter. C’est déterminer un tremplin pour un accès à une meilleure connaissance de soi-même.
Par Gabrielle Prud’homme, étudiante à la Maitrise en musique à l’Université de Montréal, en programme d’échanges à l’Università di Bologna en Italie en hiver 2017.
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