Le BCEI est pleinement conscient de la nécessité de rajuster les politiques canadiennes en matière d’éducation internationale (EI) et de pénaliser la mauvaise conduite d’une minorité d’acteurs. Il est impératif de pallier les conséquences d’une croissance incontrôlée et, parfois, malhonnête. Cependant, la définition d’un nombre viable d’inscriptions d’étudiant.e.s internationaux.ales dans différentes communautés à l’échelle du pays s’apparente à un processus complexe que le Canada se doit de réussir.
Le BCEI reconnaît qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a choisi d’agir en chef de file sur des enjeux d’EI en utilisant les leviers politiques à sa disposition. Néanmoins, nous craignons que l’approche bien intentionnée d’IRCC pour « régler le problème » à l’aide d’un plafond généralisé du nombre d’admissions d’étudiant.e.s internationaux.ales au Canada n’entraîne des conséquences sérieuses et inattendues. Cette solution universelle mise au point de manière expéditive risque de compromettre les avantages de l’EI dont bénéficient bon nombre de communautés à travers le pays. Elle risque aussi d’annihiler rapidement l’image forte de l’éducation canadienne à l’international dont le développement a nécessité de nombreuses années. Au bout du compte, une diminution de 35 % du nombre de permis d’études envoie le signal à la potentielle population étudiante internationale sur toute la planète que le Canada est en train de lui fermer la porte. Cette mesure risque de nuire de manière irrémédiable à la marque ÉduCanada dans un marché mondial hautement compétitif où les étudiant.e.s peuvent se tourner vers d’autres pays, et ce bien au-delà des deux ans que cette mesure devra durer.
Le secteur canadien de l’EI n’est pas ignorant, ni indifférent ou naïf quant aux défis actuels. Or, si nous permettons à des préoccupations immédiates dans les domaines du logement ou de la santé de dissoudre un consensus national sur la valeur de l’EI, toute la société perdra à long terme. C’est pourquoi le BCEI demande aux gouvernements fédéral et provinciaux d’accompagner la mise en place des mesures annoncées et la détermination des chiffres pour chaque établissement d’enseignement désigné d’un examen judicieux des risques inhérents.
Les étudiant.e.s internationaux.ales contribuent de manière inestimable à la qualité de vie sur les campus et dans leurs communautés hôtes partout au pays (grandes ou petites, rurales ou urbaines). De plus, leur expérience d’études au Canada a une influence significative sur leur vie et leur parcours professionnel. On estime que le secteur de l’EI contribue pour 22 milliards de dollars par année à l’économie canadienne, soit plus que la part combinée des industries des pièces automobiles, du bois d’œuvre et de l’aérospatial. Il contribue également à la création de plus de 170 000 emplois. Enfin, la présence des étudiant.e.s internationaux.ales au pays s’inscrit dans la réalisation d’autres priorités politiques canadiennes, notamment combler en matière de compétences dans certaines industries clés, répondre aux défis démographiques de la société canadienne et faire valoir nos intérêts sur la scène internationale.
Le Canada a besoin de solutions intelligentes plutôt que simplistes. C’est pourquoi le BCEI appelle les gouvernements fédéral et provinciaux de tenir compte des points suivants lorsqu’ils mettront en œuvre les réformes relatives aux étudiant.e.s internationaux.ales au Canada annoncées aujourd’hui et qu’ils envisagent des politiques à plus long terme.
- Les responsables politiques doivent respecter les rôles et responsabilités des différentes instances, tout comme l’autonomie institutionnelle. Ils.elles doivent reconnaître que des solutions durables sont le résultat d’un dialogue pangouvernemental incluant plusieurs ministères (pas seulement ceux de l’éducation et de l’immigration).
- Des solutions universelles imposées par les instances supérieures risquent de pénaliser les établissements et les régions qui réussissent à offrir une expérience d’EI positive. Certes, la saturation en étudiant.e.s internationaux.ales dans certaines régions ou dans certains programmes discutables doit faire l’objet d’examens par les instances responsables et par les établissements. En même temps, il faut reconnaître que les provinces et territoires de petite taille, de même que les communautés rurales, réclament haut et fort une hausse, et non une baisse, des inscriptions d’étudiant.e.s internationaux.ales. Ces communautés investissent des efforts pour mettre en place une infrastructure à la hauteur de leurs demandes.
- Les solutions adoptées doivent tenir compte des différentes cadres et réalités des collèges et universités. Ainsi, les établissements d’enseignement désignés qui accueillent des étudiant.e.s internationaux.ales doivent répondre à des critères plus rigoureux et faire preuve d’une plus grande transparence dans la déclaration d’information. De plus, les conséquences pour ces établissements en cas de non-conformité doivent être plus cohérentes et immédiates à l’échelle nationale. Enfin, le rôle et les capacités des collèges et des universités diffèrent fondamentalement. Cette réalité doit faire partie de la réflexion, tout comme les effets plus larges des mesures alternatives sur l’économie et le marché du travail.
- Comme pays, nous devons faire en sorte que les personnes qui choisissent d’étudier au Canada y vivent une expérience d’EI de qualité supérieure et que des normes élevées applicables à tout le secteur assurent leur bien-être. Cela comprend la disponibilité, l’abordabilité et l’accessibilité de logements, mais aussi du soutien en matière d’emploi et de services médicaux, sociaux et communautaires.
- En fin de compte, l’éthique et la responsabilité doivent guider nos actions à l’échelle pancanadienne afin de suivre les chiffres d’admission et les tendances en matière d’inscription. C’est ainsi que nous devons faire rapport en toute transparence aux Canadien.ne.s de la performance de nos établissements d’enseignement désignés dans l’offre d’une expérience de qualité aux étudiant.e.s internationaux.ales. Toute solution pour créer un secteur d’EI viable doit s’appuyer sur des données d’inscription et de performance exhaustives, ponctuelles et cohérentes, et sur des normes éthiques pansectorielles.
Le BCEI et ses membres sont prêts et disposés à travailler avec tous les ordres de gouvernement pour trouver la bonne solution pour le Canada, pour les communautés, pour les établissements, pour les étudiant.e.s canadien.ne.s (qui risquent de perdre l’accès à certains programmes et établissements en raison des coupes annoncées) et pour les étudiant.e.s internationaux.ales. Nous avons besoin dès maintenant d’un dialogue constructif et d’une analyse judicieuse pour concevoir des solutions immédiates et à long terme qui n’auront pas pour effet de nuire à une priorité politique afin de pallier les lacunes d’une autre.
Contact presse:
Melissa Payne, Directrice, services aux membres, recherches et apprentissage
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