*Présenté dans Embassy Magazine le 21 janvier 2015
Par Karen McBride
Il y a un an la semaine dernière, le gouvernement fédéral dévoilait la première Stratégie du Canada en matière d’éducation internationale témoignant de la nécessité de perspectives et d’expériences internationales pour la prospérité du Canada au XXIe siècle.
Cette stratégie est un accomplissement de taille pour le secteur de l’éducation qui demande une stratégie pancanadienne depuis une vingtaine d’années. Elle démontre un niveau remarquable de consensus entre les gouvernements, les organisations et les établissements pour un pays où l’éducation relève des provinces et territoires et qui n’a pas de ministère national de l’éducation. De plus, l’éducation internationale est de plus en plus perçue comme une priorité de politique publique transversale puisque sa réussite est à la base des objectifs de diplomatie, de commerce et d’immigration du pays.
La Stratégie s’est fixé plusieurs objectifs :
- Doubler le nombre d’étudiants internationaux au Canada.
- Se concentrer sur les marchés prioritaires d’éducation : Brésil, Chine, Inde, Mexique, Afrique du Nord et Moyen-Orient et Vietnam, et renforcer les marchés existants.
- Établir l’image de marque du Canada pour maximiser sa réussite.
- Renforcer les partenariats de recherche entre établissements et les échanges pédagogiques et optimiser les liens entre les personnes.
- Optimiser les ressources (gouvernement, associations, établissements, autres secteurs) pour maximiser les résultats.
Un an plus tard, début 2015, avons-nous fait des progrès pour bien placer le Canada de façon à ce que le pays atteigne ses objectifs, et vers quoi devons-nous nous tourner à l’avenir?
Des objectifs ambitieux : La Stratégie vise à accroître (à presque doubler) le nombre d’étudiants internationaux au Canada pour le faire passer de 239 000 en 2011 à 450 000 en 2022. En fait, en 2013, nous avons reçu 293 500 étudiants, nous sommes donc sur la bonne voie. Nos chiffres étaient déjà à la hausse grâce à la promotion faite par les établissements, les organisations, les provinces et les programmes fédéraux existants, mais la Stratégie a porté notre attention sur la possibilité d’une augmentation spectaculaire et nous a fait préparer nos services pour garantir la réussite scolaire et sociale des étudiants arrivant au Canada.
Permis d’études, débouchés professionnels et après les études : Le 1er juin 2014, plusieurs changements ont été apportés aux réglementations concernant les étudiants internationaux au Canada. Par exemple, à partir de cette date, les permis d’études pour les étudiants internationaux à temps plein de la plupart des établissements publics d’enseignement supérieur autorisaient les étudiants à travailler à temps partiel en dehors du campus sans avoir à demander un permis de travail. Dans le sondage de 2014 sur la participation des étudiants organisé par le Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI), 35 % des sondés ont dit que la possibilité d’obtenir de l’expérience professionnelle est la principale raison pour laquelle ils ont choisi le Canada comme destination d’études. Le fait de travailler pendant leurs études permet également aux étudiants de devenir admissibles au programme de travail post-diplôme et peut-être de demander la résidence permanente plus tard. Ces débouchés font des étudiants internationaux le point de départ de liens économiques, scientifiques et politiques plus étroits entre le Canada et leur pays d’origine à long terme, ainsi que des contributeurs à l’économie et à la société du Canada parallèlement à leur acquisition d’expérience professionnelle pour lancer leur carrière.
Faire participer nos jeunes : Comme une étude de 2014 publiée par l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC) l’indique, 97 % des universités canadiennes proposent un programme d’études à l’étranger, mais seuls 3,1 % des étudiants y participent chaque année. La participation des collégiens et élèves de secondaire à des programmes d’études à l’étranger est encore plus basse. Le travail révolutionnaire du BCEI à ce sujet en 2009 a dégagé plusieurs obstacles contribuant à ce taux de participation médiocre, et le coût des études à l’étranger était clairement l’obstacle le plus important. Le BCEI prévoit actualiser ces recherches dans les mois qui suivent afin d’aller dans le sens de l’objectif de la Stratégie visant à améliorer les liens entre les personnes. Comme la Stratégie l’indique, l’éducation internationale n’est pas à sens unique. En envoyant davantage d’étudiants canadiens à l’étranger pour des expériences pédagogiques tangibles, nous développons les compétences internationales et de leadership dont ils ont besoin pour s’épanouir et innover dans les décennies à venir.
Nous sommes tous responsables : Atteindre ces objectifs ne relève pas seulement des établissements d’enseignement et gouvernements. Le secteur privé pourrait avoir un rôle catalytique en s’exprimant sur l’importance capitale de l’éducation internationale pour l’avenir du Canada. Dans un sondage récent auprès de PME au Canada organisé par Leger Marketing pour l’AUCC, deux responsables du recrutement sondés sur trois disent que le Canada risque d’être pris d’assaut par des économies dynamiques comme la Chine, l’inde et le Brésil à moins que les jeunes Canadiens n’apprennent à réfléchir de façon plus internationale et 82 % disent que les employés qui ont des connaissances interculturelles et qui comprennent bien le marché mondial améliorent la compétitivité de leur entreprise. Les étudiants doivent entendre ce message de leurs employeurs; leurs établissements d’enseignement à tous les niveaux doivent continuer leurs efforts pour encourager les aspirations des étudiants en éducation internationale; les pouvoirs publics doivent insister sur l’importance de cette initiative pour garantir la prospérité du Canada à l’avenir, comme le Brésil, les États-Unis et le Royaume-Uni, entre autres, l’ont déjà fait.
Le défi de l’engagement global du Canada 2017 : Le Canada fêtera son 150e anniversaire en 2017. Quel meilleur moment pour atteindre un nouveau niveau de mobilité étudiante en offrant 15 000 bourses annuelle à petite échelle cette année-là pour aider nos jeunes à profiter des possibilités pédagogiques proposées par leur établissement? Cela serait un grand pas en avant et un appel à l’action pour les principaux intervenants qui collaboreraient pour s’attaquer à ce défi qui consiste à faire en sorte que nos citoyens restent pleinement impliqués, absorbés, capables et compétents sur la scène mondiale et appelés des partenaires de choix dans un contexte mondialisé. Une initiative comme celle-là pour fêter le 150e anniversaire du Canada sera appropriée et un investissement sur l’avenir du Canada.
Karen McBride est présidente et chef de la direction du Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI) qui fait la promotion de l’internationalisation à tous les niveaux d’éducation.
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