Kristy Clarke, MBA, coordonnatrice des compétences professionnelles et de deuxième cycle de l’Université Concordia.
De plus en plus d’étudiants internationaux décident de rester au Canada à la fin de leur programme. Selon des recherches du BCEI, 50 % des étudiants internationaux d’enseignement supérieur au Canada s’intéressent à la résidence permanente. Les analystes d’immigration disent que ces jeunes étudiants ayant une instruction canadienne sont les immigrants idéaux pour alimenter l’économie du savoir du Canada. Pourtant, un article récent du Globe and Mail donne une image toute autre. Il avance que le programme de permis de travail postdiplôme (la passerelle entre les études supérieures canadiennes et la résidence permanente pour les étudiants internationaux) entraîne des emplois à faibles salaires qui n’exploitent pas le plein potentiel de nos diplômés.
Les détenteurs de doctorat au Canada sont formés à un très haut niveau et acquièrent des connaissances spécialisées, sont pour la moitié d’entre eux nés à l’étranger, et on peut dire qu’ils sont sous-estimés par les employeurs canadiens. Pour que les détenteurs de doctorat ne se retrouvent pas dans des emplois à faible rémunération, toutes les parties concernées par la formation doctorale (recruteurs, superviseurs, conseillers, personnel administratif, employeurs, organes de financement) doivent contribuer à informer les nouveaux étudiants en doctorat et futurs étudiants pour qu’ils puissent être au courant des différents cheminements de carrière canadiens qui existent. Nous devons les guider pour qu’ils sachent quoi faire à chaque étape de leur programme de doctorat pour qu’ils puissent avoir une carrière désirable et gratifiante. De bons conseils, comme le fait de donner des opportunités aux étudiants (outils d’autoévaluation, partenariats privés de recherche etc.), les aideront à être plus complets et à établir un réseau canadien plus étendu.
Les programmes de doctorat à travers le Canada ont connu un véritable essor de leurs inscriptions. Le Conference Board du Canada indique que « le nombre de doctorat remis par les universités canadiennes a augmenté de 68 % entre 2002 et 2011. » Les étudiants internationaux contribuent en grande partie à alimenter cette augmentation des inscriptions.
Traditionnellement, les aspirations professionnelles pour les détenteurs de doctorat se trouvent dans des postes titulaires en université. Les doctorants atteignent-ils leurs objectifs professionnels? Dans le cas contraire, les compétences qu’ils acquièrent pendant leur programme sont-elles sous-estimées dans les postes qu’ils obtiennent? Le Conference Board indique que seuls 40 % des étudiants en doctorat au Canada trouvent un poste en enseignement supérieur, dont la moitié obtiennent la titularisation et l’autre des emplois ou rôles d’enseignement, de recherche ou d’administration moins stables et à moindre rémunération. Les 60 % de détenteurs de doctorat restants trouvent des rôles dans l’industrie, au gouvernement et dans des organisations non gouvernementales. Le taux de chômage des détenteurs de doctorat au Canada est faible à environ 4,1 %.
La pression monte pour adapter la formation doctorale aux besoins de ces employeurs « alternatifs ». De plus en plus de données indiquent que si les détenteurs de doctorat trouvent un emploi, les employeurs ont de la difficulté à évaluer leurs qualifications. Les employeurs veulent des candidats polyvalents qui ont accumulé de l’expérience professionnelle canadienne, ont acquis des compétences relationnelles et s’adaptent au changement. Ces qualifications ne se trouvent pas toujours chez les étudiants internationaux en doctorat, dont l’expérience canadienne est très centrée sur la recherche académique et l’enseignement.
Les universités canadiennes ont répondu à ce changement du marché du travail en créant des programmes de formation continue pour les étudiants de deuxième cycle, comme leGradProSkills de Concordia. GradProSkills propose une série complète d’ateliers, activités et ressources virtuelles conçues pour donner aux étudiants les outils qui complètent leur formation universitaire et les aident à acquérir les compétences relationnelles dont ils ont besoin pour des carrières non universitaires. Ces programmes constituent un pas dans la bonne direction, mais ne sont pas obligatoires dans la plupart des universités. Malheureusement, de nombreux étudiants internationaux n’ont toujours pas accès à ces programmes, ou le font tard dans leur programme, et risquent ne pas avoir un bon tableau de leurs options de carrière.
En travaillant ensemble, en créant et en échangeant plus de connaissances sur les compétences recherchées par les employeurs canadiens, nous pouvons faire en sorte que nos diplômés réussissent leur transition à l’économie du savoir du Canada et reçoivent la considération qu’ils méritent pour la diversité et l’expertise qu’ils apportent.
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